Mercredi 17 novembre 2010 à 18 h
Depuis 1979, Peter Fischli et David Weiss collaborent en créant une œuvre qui combine, réarrange ou manipule leurs expériences quotidiennes en quelque chose de nouveau et inattendu. Exécuté dans une variété de médias, y compris la sculpture, le cinéma et la photographie, leur travail ignore joyeusement la distinction entre culture savante et populaire.
Der Geringste Widerstand (La moindre résistance) / 1981 / 30’
Tourné en Super-8 à Hollywood, ce film introduit deux personnages, un rat et un ours, joués par les artistes eux-mêmes, et qui poursuivront leurs aventures initiatiques à travers un autre épisode, ‘Le droit chemin’ tourné en 1983. Personnages anthropomorphiques, ils incarnent avec dérision les archétypes de la pensée et de la vie contemporaine. Sous la forme épuisée de roadmovie, le récit renvoie à la littérature et aux icônes du rêve américain et met en évidence la représentation de l’urbanisme et des clichés de la côte ouest (palmiers, cadillac, sunset sur l’American Highway). Le film se déroule parallèlement à une discussion entre le rat et l’ours sur la recherche du succès et du savoir mais aussi sur leur désillusion, leur désir d’intégrer les règles du profit et de la productivité (comment faire de l’argent avec l’art contemporain). En introduisant les éléments du polar (un crime comme un gimmick) et de la philosophie, le monde de la culture comme celui de la finance, Fischli et Weiss élaborent ici un regard extérieur, voir excentrique sur notre société, sur l’esthétique populaire, le merveilleux et le banal, sur la morale aussi, en bref sur tous les matériaux et sujets qui constituent leur travail en commun depuis 1979 jusqu’à aujourd’hui.
Der Lauf Der Dinge (Le cours des choses) / 1986-1987 / 28’
Le Cours des choses est une œuvre singulière, qui peut être rangée au panthéon restreint des successfull de l'art, une catégorie paradoxale d'œuvres élevées au rang de gloires populaires. Qui ne connaît pas ce film, son principe du jeu de domino, une pièce entraînant l'autre dans sa chute ? Le film est un corollaire, une suite naturelle d'accidents scientifiquement organisée ; un ballon se gonfle, une roue roule, une casserole s'enflamme... Il est aussi l'expression du principe de causalité qui consiste à affirmer que rien n'arrive sans cause. Une poubelle pousse une roue de voiture qui elle-même entre en collision avec une planche qui... Ainsi va le cours des choses : elles tombent, se retournent, prennent feu, explosent par simple contact ou rencontre. Fischli et Weiss ont la gravité des enfants qui empilent des cubes les uns sur les autres jusqu'à ce qu'ils vacillent. Ils réalisent ainsi une figure en équilibre précaire. Ils font et défont les structures des significations. Ils bâtissent une entreprise burlesque qui touche tous ceux qui ont gardé une intimité avec leur enfance. Ils s'emploient à déconstruire le monde, pour nous inviter à le construire de nouveau, à le rêver. Le succès de ce film est donc à chercher dans ses multiples entrées : dans son caractère poétique à l'accent drôlatique, et surtout métaphysique.
sources :
Infos pratiques
Les projections ont lieu dans L’auditorium du Musée Malraux
2, boulevard Clemenceau / 76600 Le Havre
renseignements : 02 35 19 62 79
L’entrée est Libre dans la limite des places disponibles